Tu as dit eau en bouteille ?
Cocoricooo !!!
Nous voilà devenus, juste après les Italiens,
les deuxièmes plus gros
consommateurs d'eau en bouteille,
qu'elle soit minérale, de source, et parfois même
puisée dans les mêmes nappes phréatiques
que celle qui sort du robinet ;
un " produit " devenu tellement banal
que nous avons oublié que, sans elle,
nous mourrions au bout de quelques jours.
Il a fallu qu'elle soit mise en bouteille,
offerte parfois dans des coffrets cadeaux
_ presque des écrins _
pour obtenir un nouveau statut :
à coups d'ions, de sels minéraux, d'oligoéléments,
la voilà devenue une promesse de santé,
de beauté, de jeunesse prolongée.
Elle nous débarrasse de nos kilos en trop, de nos miasmes ;
elle nous purifie comme elle est censée laver nos péchés.
Un nouveau rôle symbolique pour lequel
nous sommes prêts à payer parfois le prix fort :
4 € le demi-litre qui ne fait que 375 ml
pour une eau norvégienne carrossée par un couturier américain.
A ce prix là, c'est 2190 € par an qu'il faut débourser
pour boire le litre et demi quotidien
recommandé par la Faculté !
Une misère pourtant,
à côté de la star qui se pousse du col
avec son collier en cristal et sa médaille d'or
obtenue à un concours international,
et qui est facturée pour la même quantité, 35 €...
70 € pour un litre d'eau qui serait la plus pure de toute la planète !
Car les industriels rivalisent d'imagination,
pour aller la puiser dans des endroits
prétendument préservés et paradisiaques,
des volcans de Nouvelle-Zélande,
à la Vallée du Jourdain,
ou encore jusqu'à ce coin perdu des Fidji,
" à 2500 km de tout continent ".
Un snobisme qui prêterait à sourire,
si 17 % de l'Humanité n'était pas privée d'eau potable
et si tant de femmes africaines ne devaient parcourir
à pied jusqu'à 10 km par jour
pour s'approvisionner chichement.
Les publicitaires, eux, en ont déjà fait de l'or en barre !
Alors, une alternative et rapidement,
Notre très bonne eau du robinet !
Merci Didier, pour cette photo qui m'a inspiré plusieurs textes...